Dysphasie

GERER UN TROUBLE D'APPRENTISSAGE

La dysphasie est un retard sévère et persistant de parole et/ou de langage.

Elle est suspectée notamment lorsque l’évolution est lente ou absente malgré une rééducation logopédique intensive. Le diagnostic est confirmé par des examens spécifiques

 

La dysphasie touche toujours plusieurs domaines du langage.

Le versant compréhension est généralement moins touché que le versant expression ; mais un bilan approfondi met généralement en évidence un retard au niveau de la compréhension par rapport aux enfants du même âge.

 

La dysphasie peut impacter les 4 domaines langagiers suivants :

 

  • La discrimination phonétique, la (méta)phonologie :

    L’enfant ne perçoit pas aisément la différence entre 2 sons phonétiquement proches, et/ou il a des difficultés à mettre les sons d’un mot dans l’ordre. Des troubles à ce niveau compliquent l’acquisition de nouveaux mots (substitution, inversions de phonèmes etc.).                                                                                                                

 

Conseils pour la classe : 

 

Dans les plus jeunes classes, le travail de la conscience phonologique est essentiel                                                                                                                                    (voir fiche activité).

L’acquisition de la forme phonologique d’un mot (en particulier les plus longs) peut être facilitée en rythmant les syllabes (taper dans ses mains, sur la table…) pour mettre en évidence le nombre de syllabes à repérer et à répéter. On peut aussi écrire ce mot (ou prendre une illustration) et le scinder (ou couper l’illustration choisie) pour mettre les syllabes en évidence d’une manière visuelle.

                                                                                                    

Les confusions sont, la plupart du temps, auditives : leurs capacités de discrimination auditive ne sont pas efficaces, ils ne peuvent distinguer 2 sons proches. L’enfant peut prendre conscience de l’utilité de cette distinction avec des jeux de « paires minimales » (= mots qui ne se différencient oralement que par 1 phonème comme pain, bain, daim, main, vin, fin…). Ensuite, il faudra faire appel à la proprioception, au toucher, et à la vue car l’enfant a besoin de repères concrets non auditifs pour distinguer les 2 sons qu’il confond. On peut attirer l’attention sur la forme des lèvres, l’action de la langue, la vibration/l’absence de vibration des cordes vocales.

Par exemple : on dit [d] en faisant taper la pointe de langue derrière les dents mais lorsqu’on dit [b] les lèvres se touchent comme lorsqu’on fait un bisou. On peut choisir le mot « dent » comme repère pour la lettre d et le mot « bisou » pour la lettre b.

 

  • L’articulation (dyspraxie verbale/bucco-linguo-faciale, déficit de la programmation phonétique).                                                                   

 

Conseils pour la classe : malheureusement il est difficile d’intervenir dans le cadre d’une classe à ce niveau. Soyez simplement vigilent si l’enfant qui en souffre est sujet à des moqueries.

 

  • Le lexique et la sémantique : l’acquisition du vocabulaire est lente et approximative.

L’enfant ne trouve pas toujours le mot qu’il cherche pour exprimer son idée : il utilise un synonyme, une périphrase, une description, une définition, un terme passe-partout comme « machin, truc... », ou encore des petites phrases toutes faites afin de se donner un peu de temps et trouver le mot qu’il veut exprimer. C’est parfois interpellant car l’enfant ne maîtrise pas certains mots fréquents et que l’on utilise au quotidien mais il va en maîtriser d’autres moins fréquents.

Les définitions que l’enfant s’est créés ne sont pas toujours correctes : l’enfant s’est appuyé sur ce qu’il a observé, compris et mis en lien avec ce qu’il connaissait déjà. Or, ces différents processus peuvent être impactés par les troubles langagiers.

Les expressions idiomatiques, l’humour, l’ironie... sont également incomprises.

 

Conseils pour la classe :                                                                                                                                                                   

 

Encouragez-les à lire, découvrir toutes sortes d’ouvrages car à partir du moment que l’on sait lire, ce sont les lectures personnelles qui permettent d’acquérir du vocabulaire.

Lorsque c’est possible, demandez à l’enfant de reformuler votre consigne, de verbaliser ce qu’il va faire.

Les mots incompris peuvent être surlignés, on note un synonyme à côté ou en dessous.                                                              

Les répertoires de vocabulaire peuvent être une excellente idée mais les enfants les utilisent généralement très peu si on ne les incite pas. Évaluez le rapport temps-énergie-utilisation de l’élève avant de vous lancer dans un tel projet.

En revanche, la création de fiches de vocabulaire par thème peut s’avérer utiles et rapidement efficace. On peut donc proposer une fiche consigne que l’on place dans les premières pages de leur farde et que l’on compléterait ensemble au fur et à mesure. L’idéal est de dessiner une illustration de type pictogramme (la plus simple possible).

En éveil (histoire, sciences…), on rencontre beaucoup de vocabulaire. Pour commencer un nouveau chapitre, on peut prévoir une image A4 couverte d’illustrations. On demande aux enfants de dénommer un maximum d’objets et d’actions. On peut aussi jouer à « je vois un(e)... » que celui qui la/le voit lève le doigt ! etc. Ensuite on va noter les nouveaux mots sur l’illustration.

Il vaut mieux compléter la fiche ensemble plutôt que de donner une fiche toute prête car de cette manière on stimule plusieurs mémoires (épisodique, visuelle, auditive, même la mémoire kinesthésique étant donné qu’ils écrivent eux-mêmes).

En début de cours, prenez le temps de présenter la structure de votre cours et revenez-y de temps en temps pour permettre à l’élève de dégager les éléments les plus importants (sinon ils ont tendance à mémoriser les anecdotes et omettre les informations essentielles). L’utilisation de cartes mentales/schémas heuristiques peut aider également à structurer les informations.

 

  • La morphologie et la syntaxe :

    L’enfant met du temps à acquérir les structures de phrases. Il se limite longtemps à la production de phrases simples ou à la répétition de phrases qu’il a souvent entendues dans son quotidien. La conjugaison, les phrases longues (avec un pronom relatif, des phrases enchâssées, …) sont particulièrement complexes à comprendre comme à produire pour un enfant qui présente une dysphasie. Dans le cadre d’un diagnostic tardif, l’enfant découvre la structure des phrases grâce aux premières leçons de grammaire et de conjugaison, comme si, enfin, on lui donnait un décodeur...

                                                            

Conseils pour la classe :

 

Privilégiez les consignes simples (une phrase = une action).

Présentez les consignes de manière aérée, un peu comme une check-list/une progression étape par étape. Au moment de la lecture des consignes, cela permettra de faire des annotations pour les mots incompris ; lors de la réalisation de l’exercice cela peut encourager une certaine méthode de travail et au moment de la relecture, cela peut servir de repère de progression du travail.